Grant Lee Phillips/Buffalo

glbbearheadEn 1994, je suis tombé sur le clip d’un trio dont le chanteur avait une voix absolument unique, une chanson qui restait immédiatement en tête et à la mélodie unique et délicate. Sans compter l’imagerie inhabituelle des textes:

Devastation at last finally we meet
After all of these years out here on the street
I had a feeling you would make yourself known
You came along just to claim your place on the throne
And I have been overthrown
Overthrown

And I thought if I towed the right lines
But these mockingbirds wont let me shine

C’était Mockingbirds, du groupe Grant Lee Buffalo.

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Je me suis rapidement précipité sur l’album complet, soit MIGHTY JOE MOON. Je peux carrément situer l’écoute de cet album comme un des moments où mes goûts musicaux ont évolué, instantanément. La diversité de styles des chansons de l’album, la délicatesse des pièces, les prouesses vocales du chanteur Grant Lee Phillips, tout contribua à me faire devenir un fan à vie.

Quelques moments choisis de cet album sans faille sont

Rock of Ages:

Lone Star Song:

Pour certaines personnes, le déclic s’est fait il y a quelques années lors d’un épisode de la série HOUSE qui se terminait avec une autre chanson de cet album, HAPPINESS:

Malheureusement, aucun des autres albums du groupe n’atteignit le sommet que fut MIGHTY JOE MOON (le second album du groupe) pour moi, même si le prochain COPPEROPOLIS s’en approcha. C’est que la diversité de MIGHTY JOE MOON se refléta sur tous leurs albums, aucun n’étant pareil musicalement. La seule constante était la voix unique de Phillips, d’ailleurs sacré meilleur chanteur par le magazine Rolling Stone en 1995. De COPPEROPOLIS je vous prose d’ailleurs HOMESPUN:

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Vint ensuite JUBILEE, qui s’avéra le dernier du groupe, excédé par le manque de soutient de la compagnie de disque. Un single en fut tiré, TRULY, TRULY:

Fin 1999, la rumeur commença à circuler que Grant Lee Phillips continuerait de son côté, seul, l’avenir de GLB incertain. Warner décida de le laisser partir sans le signer en solo. Phillips se tourna vers l’étiquette indépendante Rounder Records et lança l’ironique LADIES LOVE ORACLE via Internet en 2000. Si les arrangements étaient un peu plus dépouillés, l’album était la suite directe de ce que Phillips avait composé au sein de son ancien groupe. Mélodies délicates, accrocheuses, teintées d’humour et d’une bonne dose de romantisme. Resté à Los Angeles, Phillips joue régulièrement chez Largo et lance à intervals réguliers des albums: MOBILIZE en 2001, VIRGINIA CREEPER en 2004, ninteeneighties, un (excellent) album de reprises des années 80, en 2006 et STRANGELET en 2007. Selon son site officiel, il en prépare un nouveau. LITTLE MOON, pour octobre 2009. Il a participé à plusieurs reprises à la série GILMORE GIRLS (voir le 3e vidéo qui suit), incarnant un troubadour.

Voici quelques clips pour terminer:

Starsailor

Un petit post court en ce dimanche PM pour vous proposer un single que j’ai trouvé excessivement accrocheur… la chanson Listen Up du groupe britannique Starsailor:

Lancée en mars, la chanson n’a pas  fait de vagues ici et pourtant c’est une pièce inspirée, dans la plus pure tradition du rock pop brit (notez la similitude avec les pochettes d’Oasis). Tirée de l’album ALL THE PLANS. Le chanteur James Walsh affirme avoir été inspiré par l’album Grace de Jeff Buckley (tiens tiens) pour son style de chant.  alltheplans

Buckley, Jeff Buckley

jeffbuckley

C’était juillet 1997, une journée pluvieuse pour le Edgefest alors que se suivaient Moist, Tea Party et Our Lady Peace dans la Vieille Capitale. À la fin du spectacle d’Our Lady Peace, Raine Maida décida d’interpréter une chanson qui n’était pas de son band. « This is from a guy called Jeff Buckley, dit-il. Check out his album it’s great. »  La chanson était Eternal Life et elle était excellente.

Peu de temps après, je me mis à la recherche dudit album de Jeff Buckley. Un copain qui était avec moi au show mit la main sur GRACE, ce premier album du chanteur américain et fils de Tim Buckley, lui-même chanteur qui mourut à 28 ans. Quelle découverte! Un nouveau monde de sonorités venait de s’ouvrir. Difficile de qualifier la musique de Buckley, mais si on me forçait à le faire à bout portant, je dirais: un homme capable d’une douceur poignante comme d’une force renversante qui chante comme Piaf, fortement influencé par Led Zeppelin (le premier album rock que Buckley posséda fut Physical Graffitti de Led Zep, mon favori… il n’y a pas de hasards…), Leonard Cohen (sa reprise d’Hallelujah est meilleure que l’originale, et pas de peu!), David Bowie, Prince, le Blues, le New Wave et autres… influences distillées à travers une intensitée jamais vue chez un chanteur. J’étais, encore une fois, complètement conquis même si très très peu de gens appréciaient Buckley dans mon entourage. jeff-buckley-graceMais quand on accroche, on accroche vrai.

De la première pièce, MOJO PIN, à la dernière, DREAM BROTHER (une de ses pièces maîtresses), tout l’album était excellent et excessivement varié. Buckley lança l’album en 1994 et effectua une tournée nord-américaine où l’on pu voir dans l’auditoire les Chris Cornell (Soundgarden), The Edge (U2), Chrissie Hynde (Pretenders) et plusieurs autres. Les morceaux rock de l’album me gardèrent à l’écoute pour apprivoiser les pièces plus lentes et aujourd’hui j’adore tout l’album à l’exception de Corpus Christi Carol.

Je me mis donc à la recherche des albums subséquents de Buckley… sans succès. L’artiste que Bob Dylan considérait « un des meilleurs auteurs compositeurs de la décennie », qui venait de donner un des 10 albums que David Bowie apporterait avec lui sur une île déserte, un album que Jimmy Page de Led Zeppelin qualifiait d’un des meilleurs des 10 dernières années, l’homme avec lequel Lou Reed voulait absolument travailler, n’avait fait qu’un disque?

La dernière pièce de l’album GRACE, DREAM BROTHER, se termine ainsi: Asleep in the sand with the ocean washing over… Écoutez plutôt:

Le 29 mai 1997, en pleine pause d’enregistrement de son prochain album, qui devait s’intituler MY SWEETHEART THE DRUNK, Jeff Buckley est allé se baigner dans une rivière à Memphis, au Tennessee. Il entra dans l’eau tout habillé et fredonnant WHOLE LOTTA LOVE de Led Zeppelin selon celui qui l’accompagnait à ce moment. Il n’est jamais ressorti de l’eau vivant et son corps a été repêché le 4 juin 1997. Voilà donc pourquoi Maida avait choisi de chanter une de ses pièces en juillet au Edgefest, c’était un hommage à un talent fou qui venait de s’éteindre de façon violente et définitive. With the ocean washing over… him. Aucune trace de drogue ou d’alcool n’a été trouvée, il s’agissait simplement d’une bête noyade accidentelle. Il vécu deux années plus vieux que son père.

Chris Cornell, les musiciens de Buckley et sa mère Mary Guibert ont par la suite terminé les chansons les plus achevées de MY SWEETHEART THE DRUNK et on en a tiré un album double intitulé SKETCHES FOR MY SWEETHEART THE DRUNK, paru en 1998. Peu de temps après, un superbe DVD d’une performance de Buckley à Chicago fut lancé.

Quelques autres albums sont parus depuis, dont l’incontournable LEGACY EDITION de GRACE, double, et MYSTERY WHITE BOY enregistré en spectacle et contenant l’excellente WOKE UP IN A STRANGE PLACE:

Son influence est partout: Thom Yorke de Radiohead dit qu’après avoir vu Buckley chanter, il s’en est inspiré pour ses vocalises dans FAKE PLASTIC TREES; Jason Castro a chanté la version de Buckley d’HALLELUJAH à American Idol en 2008 (et a propulsé la chanson au sommet du palmarès iTunes la semaine suivante), Adam Lambert toujours d’American Idol l’a copié à plusieurs reprises, on l’a entendu dans SHREK et des traces de Buckley se retrouvent dans nombre d’artistes contemporains dont Coldplay, Maroon 5 et le travail en solo de Cornell.  Je vous laisse en espérant vous avoir fait tomber vous aussi sous le charme, avec une inédite jamais officiellement endisquée, un duo avec Elisabeth Fraser de Cocteau Twins, la chanson ALL FLOWERS IN TIME que, bien franchement, j’arrive difficilement à écouter sans avoir les yeux pleins d’eau… :