Top 25 télé de tous les temps: version 2

J’ai commencé il y a quelques années mon palmarès personnel des meilleures séries télé que j’ai vues. Je suis un grand fan de télé, qui depuis les années 90 et surtout 2000, dépasse le cinéma en qualité des intrigues, de l’écriture, de divertissement adulte. Avec les années il est devenu impératif de revoir ce palmarès parce que certaines séries ont eu de si mauvaises dernières saisons que ça a gâché l’ensemble (looking at you, Dexter) et d’autres sont si fabuleuses qu’elles doivent y entrer immédiatement.

Voici donc ce palmarès revu et corrigé. J’ai retiré les chiffres d’ordre de classement sauf pour le top 10.

NYPD Blue

J’ai dû choisir. Histoire de ne pas faire un top 100 télé que je ne finirais jamais, il m’a fallu faire des choix difficiles. Entre deux excellentes séries policières basées à New York, LAW & ORDER et NYPD Blue, j’ai choisi NYPD Blue, principalement pour l’émotion.

NYPD Blue était la suite indirecte de Hill Street Blues, une autre très bonne série policière de Steven Bochco (L.A. Law). Racontant les aventures d’un fictif département de police de New York (le 15th precinct), une des particularités de Blue fut le changement de focus d’un personnage principal à un autre. La première saison mettait en vedette David Caruso (CSI: Miami) dans le rôle de John Kelly. Malheureusement pour lui mais heureusement pour nous, Caruso exige une augmentation de salaire pour la 2e saison et ne l’obtient pas, alors il décide de quitter la série après une saison et 4 épisodes de la seconde.

C’est là que j’arrive: j’ai découvert NYPD Blue vraiment avec l’arrivée de Bobby Simone, incarné par le très charismatique Jimmy Smits, lui-même vétéran de L.A. Law. Autre heureuse répercussion du départ de Caruso: le focus revient sur l’ensemble des acteurs et non sur une seule personne. Sipowicz, le bourru mais bien intentionné alcoolique, sera la viande de NYPD Blue mais tous les autres personnages deviendront l’assaisonnement essentiel de la recette. Admirable composition de Dennis Franz, Sipowicz est certainement l’ancêtre de Vic Mackey (The Shield, dont on reparlera…): brutal, homophobe, raciste, alcoolique, mais avec juste assez de volonté, de bonté et de naïveté pour qu’on veuille le voir s’améliorer.

NYPD Blue a changé la télé de plusieurs façons et a tracé la voie à une télévision plus audacieuse, plus adulte (dans le bon sens) et plus sombre. Parce que disons-le franchement, le New York de Blue n’est pas celui de Disney. C’est plutôt le New York le plus noir depuis les films d’Abel Ferrara.

 

Buffy the Vampire Slayer

Ah ben oui, je vous vois rire. Une série pour adolescentes dans un top de tous les temps? Absolument. Et je ne suis pas le seul: Buffy a été incluse dans le top 50 de tous les temps de TV Guide et le top 100 télé de tous les temps du magazine TIME. La série est considérée comme très influente culturellement et malgré sa fin il y a près de 10 ans, elle survit sous diverses formes: bandes dessinées, projets de film (non concrétisé pour le moment) etc.

Si Buffy se voulait au départ une série « pour jeunes », elle s’est rapidement retrouvée regardée par un auditoire varié en style et en âge. Parce qu’à sa base, Buffy raconte le douloureux passage de l’adolescence au monde adulte des responsabilités, défis et difficultés.

Buffy Summers est une adolescente vivant à Sunnydale, Californie. En apparence une jeune fille comme les autres, Buffy fait partie d’une longue lignée de tueuses de vampires et de démons, dont la balance du Bien et du Mal sur Terre dépend. Summers n’est ni plus ni moins qu’une Peter Parker féminine: dotée de redoutables pouvoirs, quasi invincible, sa vie privée n’est pourtant qu’une série d’embuches tant au niveau personnel (difficulté de se trouver un petit ami) qu’au niveau académique. Sans compter ses nuits passées à patrouiller, qui peuvent certainement nuire aux études!

Heureusement pour elle, Buffy est sous l’apprentissage de son gardien, Rupert Giles, également bibliothécaire de l’école de Sunnydale. Elle est aussi entourée d’une poignée d’amis qui connaissent son rôle de tueuse de vampire et qui l’appuient, tant bien que mal. Sa mère, elle, ne connait rien de son héritage d’héroïne.

Divers éléments sont réunis dans cette série pour garder l’attention du spectateur: c’est d’abord l’aspect fantastique, rare à la télé, qui m’a attiré vers la série. Le casting de jolis et sympathiques jeunes gens vient ensuite garder notre attention puis les diverses couches de l’écriture de la série scellent notre intérêt.

Joss Whedon (Avengers), créateur de la série, a réussi à transposer à la télé son humour et sa sensibilité si particuliers, manifestés entre autres par un langage unique.

Chaque personnage représente un archétype de l’adolescence: Buffy est la jeune femme de tête qui tente de rester responsable malgré ses pulsions; Xander est le garçon mal à l’aise qui se cache derrière son sens de l’humour; Willow est une jeune fille gênée, réussissant brillamment à l’école mais qui n’attire pas les garçons; Cordelia est la femme fatale préoccupée par les apparences et Rupert Giles est la figure paternelle dans la vie de Buffy (et des autres). Viendra se greffer à ce groupe le « bon » vampire Angel, le Montaigu de Buffy « Capulet » Summers et donc amour impossible de celle-ci.

Derrière une allure légère, cette série confronte beaucoup de tragédies et de thèmes sérieux, particulièrement à mesure que les saisons avancent. Des thèmes qui résonnent avec les adultes et les adolescents à divers degrés. Éveil sexuel, perte des parents, poids des responsabilités, isolement, le fait de se sentir différent des autres, les conséquences de nos actes et bien plus encore ont été abordés sous divers angles au fil des sept saisons.

Si la première saison est moins intéressante, de la 2e à la 7e saison, Buffy the Vampire Slayer représente de la grande télévision plus souvent qu’autrement.

The Sopranos

Concept brillant: un mafioso va en thérapie parce qu’il a des attaques de panique. S’ensuit un examen des relations humaines comme aucun autre à la télé jusque-là. Tony Soprano est un autre de ces chers anti-héros que nous aimons, craignons et détestons tour à tour au sein de la même saison, parfois du même épisode. Captivant du début à la fin, malgré cette finale controversée.

Meilleurs moments saison 1:

Omerta

La première série qui m’a réconcilié avec la télé québécoise. Palpitant, sérieux, bons moyens, belle équipe d’acteurs… tout était là.

Épisode 1 au complet:

24

Devenue ridicule au bout de 8 saisons, c’est inévitable vu le concept, on oublie avec le temps combien cette série était innovatrice, haletante et probablement celle qui a le plus fait pour convertir les gens à la télé sur DVD (et éventuellement Netflix). A aussi démontré que le public pouvait, dans les bonnes circonstances, suivre une intrigue sur une saison complète, ce qui n’était PAS la mode à l’époque.

The West Wing

De la télé qui a de grandes choses à dire sur la société, la politique, les enjeux, le monde etc. Par Aaron Sorkin, le maître des séquences de dialogues en marchant. Nous a donné le Président que tous voudraient avoir. De la télé idéologique, avec ses travers et ses nombreuses qualités.

Sportsnight

Les débuts de tant de gens fabuleux… Aaron Sorkin (WEST WING, THE SOCIAL NETWORK), Peter Krause (Six feet Under), Felicity Hoffman (Desperate Housewives) et j’en passe. La vie des gens qui s’occupent du bulletin de fin de soirée d’une chaîne sportive. Sur le sport mais n’a rien à voir avec le sport. Des dialogues à couper le souffle et de l’humanité à revendre. Drôle, humain, touchant.

Six Feet Under

Un classique de la télévision moderne. Une exploration de la mort, oui, mais de la vie surtout à travers cette famille qui tient une maison funéraire. Avec une finale qui vous hantera pendant plusieurs jours.

The Larry Sanders Show

L’humour de malaise à son meilleur, avant tout le monde. Se déroule dans les coulisses d’un talk-show de fin de soirée, avec plein de vraies vedettes qui viennent rire d’elles-mêmes. Précurseur de beaucoup beaucoup de l’humour moderne. Sans cette série, pas de Curb Your Enthusiasm, par exemple.

 

Arrested Development

Pour moi tout simplement la série la plus drôle de tous les temps. La seule série où je devais regarder les épisodes 2-3 fois parce que je manquais des blagues tellement je riais. TOUS les genres d’humour s’y retrouvent, du vaudeville aux 2e et 3e degrés d’humour. Unique.

Un des running gags… le docteur est un peu trop au pied de la lettre:

 

 

Minuit le soir

Parce que des fois, se faire briser le coeur de façon si magnifique, c’est irrésistible. À éviter si vous êtes déprimés cependant, cette série se déroule souvent dans les bas-fonds de l’humain. Magnifiquement écrit et joué, Claude Legault en tête.

Épisode 1 (le reste est sur tou.tv):

19-2

Il n’y a jamais eu de série policière comme 19-2. Même aux États-Unis. Elle est à la fois purement québécoise et internationale (de par la mise en scène de Podz, notamment). Elle nous démontre à nouveau tout le talent et le charisme de Claude Legault. Et ceux non négligeables de Réal Bossé et de toute la distribution, dont des visages familiers de Minuit, le soir (dont le magnifique visage de Julie Perreault). La troisième saison est la moins intéressante mais ça n’a pas trop diminué l’impact de cette série unique.

Une scène classique:

Louie

Après les zombies (ou en même temps), mon autre amour c’est la comédie. La bonne, la fouillée, la surprenante. Pas le vaudeville. Pas l’humour facile des comédies d’ici. J’ai découvert une âme soeur comique en la personne de Louis CK. C’est un humoriste absolument sans peur, pessimiste, sombre et absolument hilarant. Sa série, Louie, est diffusée depuis  2010 et… on n’a pas vu grand chose qui ressemble à ça avant. Vous ne pleurerez pas de rire comme Arrested Development disons, mais l’audace de CK est renversante. Il plonge au plus profond de la nature humaine et met le doigt directement sur le bobo. Ensuite il appuie. Jusqu’à ce que ça saigne… Il joue le rôle principal, écrit et réalise lui-même. Pour adultes avertis et ouverts.

Seinfeld

Ai-je besoin d’en ajouter sur Seinfeld? Un incontournable.

Breaking Bad

Fascinante exploration du bien et du mal chez un même individu, Breaking Bad a l’audace de nous offrir un personnage principal qui débute relativement « bon » et se transforme sans merci au fur et à mesure que les saisons avances. Rarement nos allégeances ont-elles autant été transférées d’un personnage (Walter White) à un autre (Jessie Pinkman, son comparse) dans une série. Audacieux et après une première saison moyenne, s’améliore à chacune des subséquentes.

 

 

10.Scrubs

J’ai recommencé à regarder cette série du tout début avec son arrivée sur Netflix et je me suis souvenu à quel point celle-ci était brillante. C’est à la fois un sitcom, une série d’hôpital à la E.R. ou Grey’s Anatomy, une comédie romantique et bien d’autre. Rarement une série comique aura eu autant de cœur. Les acteurs sont fantastiques.

9.Justified

Oh que c’est léger, en apparence, Justified. Personnage périphérique de romans d’Elmore Leonard (Get Shorty, Out of Sight, Jackie Brown), Raylan Givens est un Clint Eastwood moderne, un marshall qui n’hésite pas beaucoup à tirer lorsqu’il dégaine son arme de service. Après avoir tué un gangster à Miami, Givens est assigné dans son comté natal d’Harlan au Kentucky. Mélange habile de policier, Western, comédie et romance, Justified fait tout bien : la violence est horrible et traitée sérieusement, l’humour fin et drôle, les intrigues d’intérêt. Et Raylan Givens est possiblement le personnage le plus cool de la télé des années 2010.

8.X-Files

Le temps n’a pas nécessairement été doux envers cette série mais à son summum au milieu des années 90, il s’agissait moins d’une émission télé que d’un phénomène de société. Pour l’amateur de fantastique que je suis, on y trouvait ENFIN du fantastique traité de façon sérieuse à la télé. A aussi aidé les intrigues à long terme en télé en présentant une conspiration qui dure encore jusqu’à ce jour.

7.Curb your enthusiasm

C’est Seinfeld, en plus méchant (et donc drôle). Une série fabuleuse où tous les dialogues sont improvisés et qui n’a peur de rien. Vraiment rien. On y rit du cancer, de l’Holocauste, du racisme et même Michael J. Fox vient rire de son Parkinson. Larry David, créateur et vedette, est co-créateur de Seinfeld et l’inspiration pour le rôle de George Costanza. C’est du faux-documentaire tordant. Vous n’oublierez pas JB Smoove de sitôt.

Voici une situation typique:

6.Deadwood

Par le co-créateur de NYPD Blue, David Milch. Dans cette série aussi, un changement de focus s’opère : le personnage principal au départ semblait être Seth Bullock, incarné par Timothy Olyphant (Justified), pour que l’attention se tourne résolument vers Al Swearengen, un des top 3 personnages les plus originaux, lyriques, marquants de l’Histoire de la télé. Profane, profond, pervers et pur à la fois, Al débute comme un méchant mais devient vite notre observateur privilégié dans ce monde, basé en partie sur la réalité historique de l’Ouest américain dans sa période moins glorieuse. Avec ce rôle l’acteur Ian McShane marque la télé à jamais.

 

5.Homicide

Une série policière comme aucune autre, avec des acteurs fabuleux (Braugher surtout). Créée par Barry Levinson. Si The Shield n’existait pas, Homicide serait la meilleure série policière dans mon palmarès. (Non, je n’ai pas vu The Wire). Ses personnages, inspirés par un séjour chez les vrais détectives de Baltimore, sont criants de vérité. La série a failli être annulée rapidement, puis Robin Williams, ami de Levinson, a accepté un rôle absolument tragique et bouleversant dans la 2e saison, jouant le mari d’une femme qui a été assassiné devant sa famille, et le reste est de l’histoire.

Dans la séquence qui suit, Frank Pembleton soutire des aveux à un homme innocent de meurtre, à cause de pression de son patron. En boni, la vidéo suivante vous présentera les scènes de Robin Williams dans l’épisode mentionné auparavant. Je pourrais vous présenter une myriade de séquences de Homicide tellement c’est grandiose.

4.Lost

Quand j’ai dit tout haut le 22 septembre 2004: « Ça avait l’air pas pire, LOST, je pense que je vais regarder le pilote », j’étais loin de me douter que mon monde télévisuel allait être si chamboulé. Aucune série ne m’a fait pleurer aussi souvent. Perso, j’ai adoré la finale parce que j’ai compris l’intention et j’ai laissé tomber les détails. Un mystère pas toujours si bien ficelé mais une aventure extraordinaire, audacieuse, ave des acteurs d’une justesse renversante.

3.The Walking Dead

Depuis le tout début de mon adolescence, je capote sur les zombies. Les films de Romero m’ont marqué à jamais, tout comme les moins réussis mais presque aussi charmants dérivés de Lucio Fulci. Le mort-vivant, c’est nous réduis à notre essence: manger, se reproduire, mourir (mais pas dans cet ordre). Je soupçonne même les films de zombies d’être en partie responsables de mon légendaire pessimisme prévalent (ils finissent généralement mal). Genre délaissé pendant longtemps, depuis le milieu des années 2000 le zombie connaît une renaissance surprenante, en partie soufflée par l’excellente bande dessinée The Walking Dead de  Robert Kirkman. Kirkman se servait de l’apocalypse « zombien » pour explorer la condition humaine. Renaissance ok, mais si on m’avait dit à 16 ans qu’un jour, je verrais une série télé hebdomadaire sur les zombies, je les aurais envoyé paître. Et pourtant…

 

En 2010, le réseau AMC et le réputé réalisateur Frank Darabont (Shawshank, La Ligne Verte) ont annoncé l’adaptation à la télé de la bande-dessinée. Le soir de l’Halloween 2010, le premier épisode fut diffusé. Non seulement l’aspect horreur était respecté mais plus important encore, l’aspect humain était mis de l’avant. Je retrouve avec The Walking Dead une série qui divertit l’esprit mais brasse les émotions de magnifique façon. Elle sera, à partir de maintenant, dans mon top 10 à vie. Même si vous n’appréciez pas l’horreur, sachez que ce n’est pas le but de cette série, d’horrifier. Les zombies ne sont que contexte. On y parle autant de la condition humaine que dans Six Feet Under.

2.Game of Thrones

J’ai résisté longtemps à Game of Thrones. Je n’avais pas lu les livres et je ne suis pas fan de médiéval ni de Donjons et Dragons et la série m’apparaissait un mélange des deux. Vu le succès et le buzz, j’ai fini par acheter le coffret de la 1ère saison (à peu près l’été avant diffusion de la 3e saison). Je suis resté sous la promesse de zombies hivernaux… en voulant abandonner plusieurs fois la série. Elle en demande beaucoup de ses spectateurs, que ce soir le nombre incroyable de personnages à retenir, la propension à tuer nos favoris et la cruauté de certains autres. Mais de la saison 3 à la 4, il se passe quelque chose : on devient complètement accro. Et la série ne fait que s’améliorer, tellement que la sixième est une des saisons de télé les plus satisfaisantes de ma vie de télévore.

 

1.The Shield

Plus palpitant que 24, plus tridimensionnel que NYPD Blue, plus cru que The Sopranos. Des acteurs remarquables et des scénaristes encore plus remarquables. Je ne vous demande qu’une chose; regardez le 1er épisode jusqu’à la fin. Je n’aurai pas à vous vendre le reste. LA meilleure série policière de tous les temps.